Ce qui frappe chez Camille Luscher, c’est sa créativité et son sérieux, son approche ludique et son savoir des langues, mais aussi son implication profonde dans les textes qu’elle traduit. Elle est une passeuse littéraire qui puise dans un répertoire alémanique que nous connaissons peu, des pépites classiques ou contemporaines, de Max Frisch à Arno Camenisch. Par ses lectures, ses interventions publiques et son travail d’éditrice, elle fait vivre tout un pan de la littérature suisse.
Le jury des bourses et prix culturels 2021
Camille Luscher est née en 1987 à Genève. Elle y vit aujourd’hui, après des séjours répétés à Berlin, un passage par Berne et plusieurs années à Lausanne.
Des études de langue et littérature française et allemande à l’Université de Lausanne la conduisent sur la voie de la traduction littéraire, qu’elle explore dans le cadre du master en traduction littéraire de la Haute école d’art de Berne (HEAB/HKB) afin d’en faire sa principale activité. Elle traduit aussi bien de la prose que de la poésie, du théâtre ou de la littérature jeunesse, et publie régulièrement ses traductions dans des revues et journaux (Revue de Belles-Lettres, Le Courrier, Vice-versa, OSL). En parallèle de cette activité indépendante, elle travaille au sein du Centre de traduction littéraire de Lausanne et collabore comme médiatrice à différents festivals et manifestations littéraires. Elle a rejoint début 2019 les Editions Zoé à Genève en tant que directrice de collection pour le domaine allemand.
En 2012, sa traduction de Derrière la gare d’Arno Camenisch, publiée par les Editions d’en bas, est distinguée par le Prix Terra Nova de la Fondation Schiller. En 2020, elle reçoit le Prix Pittard de l’Andelyn pour sa traduction du roman d’Annette Hug Révolution aux confins, paru aux Editions Zoé.
Traduire implique pour moi une lecture approfondie, une forme d’ingestion, qui fait passer le texte par mon propre corps. Il s’agit de reproduire le geste de l’auteur ou de l’autrice, de faire à ma langue ce que le poète fait à la sienne. Ainsi, je trouve dans l’acte de traduire un potentiel de renouvellement et d’étrangéisation de la langue, une mise en mouvement bénéfique et vitalisante du langage. Je traduis pour écrire, mon écriture est la traduction.