« Silvie Defraoui a inlassablement développé un regard curieux, parfois rêveur ou amusé – mais toujours très précis –, sur les mondes qui l’entourent. Son travail résulte de rencontres d’images, d’indices, de cultures et de générations diverses, qu’elle questionne sans relâche, en jouant habilement sur l’échelle du temps. Photographies, vidéos et installations traduisent ces mondes recomposés où les juxtapositions d’images donnent de surprenantes pistes de lecture. En outre, elle a su tisser des liens forts avec les artistes qu’elle a formés ou rencontrés. Ce rôle de passeur et de mentor, exigeant et bienveillant, a marqué plusieurs volées d’artistes, qui ont ensuite poursuivi, avec succès, leur chemin ». Chantal Prod’Hom, membre du Jury
Silvie Defraoui est née en 1935, à Saint-Gall. Elle a suivi l’Ecole des beaux-arts à Alger et celle des Arts décoratifs de Genève. Après ses études, elle a partagé son temps entre la Suisse et l’Espagne, où elle passe encore aujourd’hui une partie de l’année. En 1970, elle s’installe avec Chérif Defraoui à Vufflens-le-Château, dans les locaux d’une ancienne scierie.
En 1974, ils sont invités à enseigner à l’Ecole des beaux-arts de Genève, où ils fondent le premier atelier media mixtes de Suisse, en 1976. Silvie Defraoui y enseignera jusqu’en 1998.
Dès 1975, Silvie et Chérif Defraoui signent leurs travaux en commun et créent une structure appelée Les Archives du futur. Ils entendent leur œuvre comme une traversée du temps à l’écoute de l’histoire et des histoires. Parmi leurs œuvres, on compte notamment Orient/Occident (1989), La Route des Indes (1978), Les Origines de la description (1993) ou encore La Traversée du siècle (1985).
Après le décès de Chérif en 1994, Silvie Defraoui a poursuivi ce travail avec des expositions personnelles au Mamco à Genève, au Kunstmuseum de Saint-Gall, au Macedonian Museum of Contemporary Art à Thessa- lonique, au Centre culturel suisse de Paris ou encore au Kunstmuseum de Soleure.
Dans mon travail, il s’agit toujours de projections, de réalités qui se chevauchent. Un film ou une image se projettent sur un support. Souvent, c’est une toile sur un mur qui fait partie d’une architecture qui fait partie d’un paysage et ainsi de suite. Dans notre perception et notre mémoire aussi les impressions se superposent. Par la projection, je cherche à montrer la simultanéité des impressions, des pensées et des faits.
Silvie Defraoui