Née Vodoz, Doris Jakubec passe son enfance à Vevey, puis à La Tour-de-Peilz, dans une famille nombreuse dont le père est pasteur. Son travail de licence ès lettres (1963) concerne la langue dramaturgique de Fernand Chavannes, un très proche ami de Ramuz. En 1979, sa thèse, Sylvain Pitt ou les avatars de la liberté au début du XXe siècle, composée à partir d’archives inédites, lui vaut un prix de faculté, son seul prix avant ce jour.
Dès 1965, elle est assistante du professeur Gilbert Guisan, qui vient de fonder le Centre de recherches sur les lettres romandes (CRLR) pour donner un ancrage académique à l’étude de notre littérature et valoriser les archives des écrivains. De 1981 à 2003, elle est professeure associée de littérature romande et directrice du CRLR. Trois axes orientent son enseignement et sa recherche: la critique génétique et la pratique de l’établissement de textes; l’ouverture aux littératures suisses et à la francophonie, dans une perspective comparatiste; la construction d’importants chantiers éditoriaux, dont Ramuz, Charles-Albert Cingria et Guy de Pourtalès.
Parmi ses très nombreuses publications, toujours entreprises en équipe, on peut citer: Ramuz, ses amis et son temps, correspondance polyphonique en six volumes (1967-1970); Félix Vallotton, Lettres, Documents et Journal, trois volumes (1973-1975); René Auberjonois, Lettres à Gustave Roud (1998); ou encore un travail collectif pluridisciplinaire, 19-39, sur les revues de l’entre-deux-guerres, présenté dans tous les musées de Lausanne en 1986.
Doris Jakubec a été présidente de la Fondation Ramuz (1988-2002) et de la Fondation Ludwig Hohl (1886-1994); membre du Comité directeur de Pro Helvetia et présidente du groupe «Littérature et sciences humaines» (1994-2002); membre de la Commission des Archives littéraires suisses à la Biblio-thèque nationale (1996-2003); membre du bureau du Forum européen de Coppet dès sa fondation en 2001 et présidente du Conseil de fondation de la Maison de Rousseau et de la littérature dès 2010.
Chargée de la critique de poésie dans le Journal de Genève de 1968 à 1982, elle a également publié de nombreux textes sur des romanciers et des poètes de Suisse romande dans Etudes de lettres et La Revue de Belles-Lettres ou, sous forme de postfaces, dans la collection des mini Zoé.
Ce Prix est remis à cette infatigable ambassadrice des lettres romandes pour son parcours d’exception, sa fidélité au pari de la proximité et la disponibilité sans réserve avec laquelle elle a accompagné de nombreux peintres, romanciers et poètes.
Le Jury