Né en 1942 à Vevey, il étudie à l’Ecole de photographie de cette ville avec Gertrude Fehr. Il sera cameraman en noir et blanc à la Télévision Suisse Romande durant les années soixante. En 1968, il réalise son premier long-métrage intitulé Vive la mort, participe à sa première Quinzaine des réalisateurs à Cannes, aux côtés de Freddy Landry. En 1970, il donne la parole aux Palestiniens dans Biladi (mention à Locarno). Suivent: Le Grand Soir (Léopard d’Or à Locarno et Grand Prix à Hyères, 1976), Seuls (Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1981). Il prend un chemin de traverse à cette époque et fonde, avec François Albera, la section Cinéma de l’Ecole supérieure d’Art Visuel à Genève. Sa première lecture filmique de C.-F. Ramuz aura lieu en 1984 avec Derborence, qui sera l’année suivante en compétition à Cannes et obtiendra le César du meilleur film francophone. En 1987 déboule La Loi Sauvage, qu’il qualifie de «faux film policier mais vrai film d’auteur», filmé le long du Rhône de sa source à son débouché sur la mer, joué par les regrettés Michel Constantin et Hélène Lapiower. En 1991, parenthèse musicale, Jacques et Françoise, Carlo Boller et une légende gruyérienne, interprété par de jeunes comédiens romands. Puis retour à Ramuz en 1998, pour La Guerre dans le Haut-Pays (en compétition au Festival de Berlin). Enfin, retour sur soi à l’occasion des Printemps de notre vie, long-métrage documentaire revisitant les années-lumière soixante-huitardes. Francis Reusser, qui dit d’abord «aimer le cinéma dans le cinéma», est un cinéaste de «plan», il creuse les territoires infiniment revisités, des pulsions premières, paysages fondateurs de l’enfance et de l’adolescence, où s’est construit l’adulte d’aujourd’hui, «écartelé entre son désir de connaître et sa nostalgie d’avoir connu». Il a pour projet immédiat l’adaptation d’un roman de Jacques Chessex (La Trinité) qui se déroule à Montreux durant le Festival de jazz, une musique «fondatrice».