La vie de Pierre Keller est à la fois le parcours d’un artiste, d’un professeur, d’un directeur et d’un entrepreneur culturel au sens large du terme. Il a habilement œuvré en Suisse et au-delà des frontières nationales à générer des interfaces entre le design, l’art, l’industrie, l’enseignement, le patrimoine vinicole, voire la politique. A l’interstice de ces divers champs, il a été un bâtisseur de projets hors norme et a été particulièrement attentif aux questions d’échange et de transmission. La Fondation Leenaards lui remet un Prix culturel posthume pour son rôle d’activateur de la culture, pour son goût et son talent mis au service des autres et pour ce qu’il disait avoir eu: «A colorful life».
Le jury des bourses et prix culturels 2020
Pierre Keller est né en 1945 à Gilly, sur la Côte vaudoise. Sa carrière aux multiples facettes débute en 1965, alors qu’il est tout juste diplômé en graphisme de l’Ecole des Beaux-Arts et d’Arts appliqués de Lausanne, qu’il dirigera des années plus tard. C’est le départ d’une brillante carrière d’artiste, puis d’éditeur et de professeur de dessin au collège, où il prône un apprentissage par le faire.
Il se révèle également organisateur en tant que délégué du gouvernement vaudois au 700e anniversaire de la Confédération, avant d’être chargé de la direction de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL), en 1995. Il conduira en quelques années l’école et ses étudiant.e.s vers une reconnaissance internationale en matière d’art, de graphisme, de design et de cinéma.
Professeur titulaire à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), il recevra le grade d’officier des Arts et des Lettres de la République française, ainsi que, en 2006, le Prix du rayonnement de la Fondation vaudoise pour la culture (FVPC), avant d’être nommé, en 2007, docteur honoris causa de la European University de Barcelone et distingué par le prestigieux Merit Design Preis Schweiz.
En 2011, il est honoré par le Prix de la promotion du design remis lors des Designer’s Days à Paris et élevé au rang d’officier de l’ordre des Palmes académiques françaises. Le 30 juin 2011, il quitte la direction de l’ECAL et devient président de l’Office des vins vaudois jusqu’en 2018. Il décède le 7 juillet 2019.
Mon style direct et mon franc-parler sont constitutifs de ma nature : je les assume et j’en suis fier. Il y a bien assez de diplomates et de mollachus sur cette terre pour que j’aille grossir leurs rangs. Et, surtout, ma franchise m’a jusqu’ici plutôt rendu service. Quant à mon ego, je vous rappelle qu’il a toujours été au service des autres : des artistes que j’ai promus d’abord, de ce canton et de mes étudiants ensuite. Quant à ceux qui me prêtent un ego surdimensionné, je le leur rends volontiers.