« Si les ponts et les maisons pouvaient parler, ils le feraient en italien ! » Ces mots d’un ouvrier italien retraité témoignent de la force de travail que ces « bras transalpins » ont représenté, dès la fin du XIXe siècle. Ils ont dessiné le nouveau visage des villes et construit les routes, tunnels et ponts helvétiques. L’exposition Losanna, Svizzera. 150 ans d’immigration italienne à Lausanne, mise sur pied avec le soutien de la Fondation Leenaards, était d’ailleurs agrémentée d’une vingtaine d’autres récits de vie d’immigré.e.s de première et de deuxième génération, constituant un précieux patrimoine immatériel.
Dès la conclusion des accords migratoires italo-suisses en 1948, la présence transalpine à Lausanne connaît une croissance exponentielle. Elle répond aux énormes besoins induits par une démographie et un développement économique suisse sans précédent. Main-d’œuvre abondante et corvéable – en grande partie soumise au strict statut de saisonnier et en butte à l’hostilité d’une partie de la population –, les immigrés italiens s’installent alors durablement en Suisse et investissent principalement les secteurs de la construction, de l’hôtellerie-restauration, du commerce et de l’industrie.
L’italianità, à savoir le mode de vie à l’italienne, va dès lors se répandre et marquer de multiples domaines de la société : alimentation, musique, mode, cinéma, sport, patrimoine et usage de la langue.