➡️ Film sur le projet lauréat (sous-titré en anglais)
« Selon nos recherches en cours, ce n’est pas l’excès de pression sur les articulations et le cartilage qui provoquerait l’aggravation du risque d’arthrose chez les personnes obèses, comme on l’a longtemps cru, mais bien l’interaction entre les cellules graisseuses et l’os », explicite le Dr Jeroen Geurts, responsable de recherche translationnelle au Service de rhumatologie du CHUV.
En collaboration avec le Prof. Bart Deplancke (vice-doyen à l’innovation à la Faculté des sciences de la vie de l’EPFL) et son laboratoire de biologie systémique et de génétique, l’équipe de recherche lauréate privilégie une approche incluant des processus biologico-chimiques. Ils cherchent en effet à comprendre le rôle du tissu adipeux de la moelle osseuse. « Les cellules de la moelle osseuse, dites adipocytes, ont été longtemps considérées, par erreur, comme de simples cellules de remplissage de la cavité osseuse, perçues comme inertes. Mais le dysfonctionnement du métabolisme lipidique chez les personnes obèses – à savoir la difficulté du corps à détruire les lipides pour en retirer de l’énergie – n’affecterait pas seulement la balance énergétique, mais aussi les os et les cartilages », précise le Prof. Bart Deplancke. Grâce à la technologie de séquençage sur les cellules individuelles (single cell sequencing), réalisée par le laboratoire de ce dernier, et à leur expertise dans l’étude de la composition cellulaire du tissu adipeux, il leur est aujourd’hui possible d’étudier l’interaction entre les différentes populations cellulaires dans la moelle osseuse.
Les découvertes récentes du Dr Jeroen Geurts et du Prof. Bart Deplancke ont déjà démontré une similarité frappante entre les modifications de la moelle qui se situe sous le cartilage et les affections des tissus adipeux comme les fibroses, nécroses et autres altérations du métabolisme lipidique : « C’est comme si le corps répondait au stockage démesuré de graisse, et donc d’énergie, par de la construction osseuse. Le cartilage perd alors sa souplesse en s’ossifiant peu à peu, entraînant des frottements et inflammations très douloureux chez les personnes atteintes d’arthrose, pouvant mener, pour les cas les plus graves, au remplacement des articulations », développe le Dr Jeroen Geurts.
Notre objectif est de mieux comprendre les mécanismes moléculaires qui sous-tendent la plasticité de la moelle osseuse présente sous les cartilages, tout en explorant ceux qui conduisent à la dégénérescence articulaire. Nous espérons ainsi pouvoir participer au développement de nouvelles cibles thérapeutiques dans le traitement de l’arthrose, une maladie chronique particulièrement pénible et largement répandue.
Dr Jeroen Geurts et Prof. Bart Deplancke