La plupart des études socio-démographiques récentes prédisent qu’un quart des femmes nées en Suisse après 2013 atteindra l’âge de 100 ans, tandis que les hommes se rapprocheront d’un tel niveau de longévité. Face à ces évolutions démographiques, réussir à freiner le déclin cognitif dû au vieillissement représente un enjeu sociétal majeur. « Avec un tel vieillissement démographique, il paraît aujourd’hui particulièrement important de rechercher les facteurs qui semblent affecter les troubles cognitifs liés au vieillissement », explique la Dre Silvia Stringhini, épidémiologiste à l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMSP).
Pour expliquer cette différence de performance du cerveau entre les individus, cette équipe de recherche – pilotée par la Dre Silvia Stringhini, aux côtés du Pr Bogdan Draganski (CHUV) et du Pr Matthias Kliegel (UNIGE) – s’intéresse aux effets des facteurs socio-économiques et des modes de vie. « Avec une approche alliant épidémiologie sociale, neurosciences cognitives et psychologie, nous avons pour ambition d’évaluer s’il existe dans notre population une corrélation entre le déclin cognitif et les conditions socio-économiques vécues de l’enfance à l’âge adulte« , souligne le Pr Matthias Kliegel (UNIGE). Ces chercheurs partent en effet de l’hypothèse que les personnes dont la situation socio-économique reste précaire tout au long de la vie présentent un déclin cognitif bien plus rapide que ceux ayant toujours vécus dans des conditions favorables ou ayant réussis à améliorer leurs conditions socio-économiques au fil de la vie (statut socioprofessionnel, niveau d’éducation, loisirs, mode de vie, etc.). D’autres facteurs tels que le manque de mouvement, le surpoids, la prise de médicaments, la consommation de tabac ou encore le stress peuvent bien sûr également influencer ce déclin.
L’étude sera menée en deux étapes. L’analyse portera tout d’abord sur la relation entre les facteurs socio-économiques et les performances cognitives de près de 3000 participants, issus de données de deux cohortes suisses (cohorte genevoise VLV et lausannoise CoLaus). « En fonction des résultats obtenus, nous recueillerons ensuite des données plus précises chez 200 participants qui passeront chacun une IRM afin d’évaluer l’impact de cette relation sur l’anatomie et les fonctions cérébrales », précise le Pr Bogdan Draganski (CHUV). Si le vieillissement du cerveau est un processus normal, le déclin cognitif plus ou moins rapide peut en effet influencer l’anatomie et les fonctions du cerveau.
Avec une approche alliant épidémiologie sociale, neurosciences cognitives et psychologie, nous avons pour ambition d'évaluer s'il existe dans notre population une corrélation entre le déclin cognitif et les conditions socio-économiques vécues de l'enfance à l'âge adulte.