Le cancer atteint 40% des personnes vivant en Suisse ; chaque année, une maladie cancéreuse est diagnostiquée chez plus de 34’000 personnes dont environ la moitié en guérira. Le cancer survient lorsque des cellules se transforment et commencent à se multiplier de manière anarchique pour former une tumeur. Pour grandir, une tumeur doit s’organiser afin d’obtenir une source adéquate de nutriments en formant et en multipliant ses vaisseaux sanguins (angiogenèse). Ces vaisseaux nouvellement formés permettent aussi à des cellules cancéreuses de se propager dans la circulation sanguine du corps entier et d’atteindre d’autres endroits pour former des métastases.
Le projet de recherche du Dr John O. Prior (Service de Médecine nucléaire, CHUV – UNIL), du Prof. Olivier Michielin (Institut Suisse de Bioinformatique), du Dr Yann Seimbille (Unité cyclo- tron, HUG – UNIGE) et du Prof. Curzio Rüegg (Division d’Oncologie Expérimentale du CePO, CHUV – UNIL) vise à développer une nouvelle méthode d’imagerie des vaisseaux sanguins impliqués dans la croissance et la métastatisation des tumeurs.
Formation de nouveaux vaisseaux : nécessaire à la croissance tumorale
L’angiogenèse tumorale est nécessaire aux tumeurs pour croître au-delà de 1-2 mm de diamètre. Plusieurs nouvelles thérapies dites « ciblées » attaquant ces nouveaux vaisseaux ont été développées récemment. Ces médicaments anti-angiogéniques ont été utilisés chez l’homme avec des résultats préliminaires prometteurs dans certains cancers. De plus, ces médicaments sont souvent mieux tolérés que les chimiothérapies traditionnelles.
Développer de nouveaux outils d’imagerie de l’angiogenèse tumorale
Il n’existe actuellement aucun moyen de quantifier d’une façon simple l’angiogenèse tumorale en clinique ; les méthodes d’imagerie disponibles ne la mesurent que de façon indirecte. Davantage de développements sont donc nécessaires. Une fois disponible, une telle méthode d’imagerie permettra de prédire et d’évaluer l’efficacité de ces médicaments pour une approche thérapeutique plus spécifique à chaque patient.
Optimisation de molécules traceuses par bioinformatique : une idée novatrice
Grâce à des programmes de modélisation moléculaire, une nouvelle classe de molécules sera conçue permettant d’obtenir plusieurs milliers de molécules candidates qui seront optimisées à l’aide d’ordinateurs très puissants. Ensuite, les molécules les plus prometteuses seront synthéti- sées et testées sur des cellules tumorales en laboratoire. On peut ainsi raccourcir considérablement le temps de développement et augmenter la spécificité des molécules potentiellement utiles en clinique.
Imagerie par médecine nucléaire : détection de quantités infimes de molécules
L’imagerie de l’angiogenèse tumorale sera effectuée grâce à une technique de médecine nucléaire appelée tomographie par émission de positons (PET) permettant de tracer de façon non invasive à travers le corps des molécules marquées radioactivement dans des quantités infimes (du milliardième = 10-9 au 1 billionième = 10-12 de mole) qui ne perturbent pas le fonctionnement de l’organisme et ne sont pas toxiques. Les radioisotopes utilisés ont une période de quelques heures et sont rapidement éliminés du corps, et ne représentent pour ainsi dire pas de danger pour l’organisme.
Perspectives à long terme : applications possibles à d’autres maladies
Ce projet de recherche devra permettre à long terme d’améliorer les traitements anti-angiogéniques disponibles, d’en développer de nouveaux, et de participer à la recherche clinique de pointe dans ce domaine. De plus, les intégrines ciblées dans ce projet sont impliquées dans d’autres maladies que le cancer et les techniques d’imagerie ainsi développées seront applicables à l’étude d’autres phénomènes tels que la réparation des blessures, l’arthrite rhumatoïde ou l’infarctus du myocarde.