Isabelle Cornaz se tient à la croisée du récit et de la poésie. Cet entre-deux lui permet de capter le réel et les souvenirs jusque dans leurs miroitements les plus infimes. Elle procède par éclats, par bribes qu’elle accole ensuite pour former un vaste tissu mémoriel et sensitif. Cet art du collage, qui emprunte à la création radiophonique où Isabelle Cornaz excelle aussi, offre une liberté et une profondeur qui ont fait la marque de son premier recueil La Nuit au pas. Après la Russie où elle a étudié et travaillé, elle entend déployer cette technique d’écriture à l’Espagne de son enfance, entrevue de vacances d’été en vacances d’été.
Le jury des Bourses et Prix culturels 2024
Isabelle Cornaz recevra une Bourse culturelle lors du Rendez-vous culturel Leenaards du 18 septembre 2024 à la Comédie de Genève, à 18h. Programme détaillé de la soirée et inscription (événement ouvert à toutes et à tous dans la limite des places disponibles).
Isabelle Cornaz (*1982) a étudié les littératures russe et espagnole à l’Université de Genève, puis a poursuivi ses études à la School of Slavonic and East European Studies, à Londres. Après avoir travaillé à Moscou, elle retourne à Londres étudier la radio et la création audio-documentaire. Elle rejoint la Radio Télévision Suisse en 2012.
En parallèle à son métier de journaliste, elle réalise des pièces radiophoniques, entre l’essai poétique et le documentaire (L’esprit de la datcha, avec Didier Rossat, podcast RTS, 2020, nommé aux Phonurgia Nova Awards ; Quand commence la guerre ?, Le Labo, 2023). Elle s’intéresse à la matière cachée des villes et des territoires, à leurs contradictions, aux fantasmes qu’ils suscitent et à comment les transfigurer par les mots et les sons.
En 2023, elle publie La nuit au pas, récit en prose poétique, aux Éditions La Baconnière. L’autrice décrit une ville autrefois aimée, Moscou, un pays qui disparaît et se dévore lui-même. Le texte a reçu le Prix Jacques-Allano 2024.
Pour son prochain récit, elle mène un travail d’exploration littéraire en Espagne autour de la mémoire familiale, de l’attachement et de l’émancipation, qui vise à déconstruire et recomposer un autre lieu intime, aimé.
Je pratique l’écriture comme un acte de collage. Le fragment poétique propose des formes pour digérer la violence, la difficulté et la frustration. Souple, résistant et polyphonique, il permet la reconstruction dans un monde atomisé. J’aime intégrer et fusionner différentes mémoires, car il me semble que les expériences vécues ne nous appartiennent jamais vraiment totalement.