Si le travail de Marina Skalova est littéraire – poétique, dramaturgique ou romanesque –, il est aussi extrêmement nourri, pensé et structuré. On sent cette jeune et talentueuse autrice et traductrice portée par une passion forte et constante. Avec une profonde curiosité, sans craindre de s’aventurer en terres inconnues, elle interroge par ses recherches, par ses textes aux formes multiples, des situations, des histoires, des conditions singulières, comme celles des migrant·e·s embarqué·e·s à travers la Méditerranée ou celles des femmes au temps de l’URSS.
Le jury des bourses et prix culturels 2020
Née à Moscou en 1988, Marina Skalova a grandi entre la Russie, la France et l’Allemagne. Après l’obtention d’un Master Lettres, Arts et Pensée contemporaine entre l’Université Paris VII et la Freie Universität de Berlin, elle poursuit ses études en Création/Traduction littéraire à la Haute école des arts de Berne, où elle obtient un Master of Arts in Contemporary Arts Practice. A la fois matériau plastique et flux, son travail creuse différentes formes (poésie, prose poétique, théâtre) pour interroger l’exil, l’étrangeté, le franchissement de frontières et leur inscription dans le corps. A ce jour, elle a publié le recueil bilingue Atemnot (Souffle court), pour lequel elle a reçu le Prix de la vocation en poésie (2016, Cheyne Editeur), ainsi que le récit Amarres (2017, L’Age d’Homme) et Exploration du flux, un flux d’écriture musical, poétique et politique (2018, Seuil, Fiction & Cie). Auteure en résidence et dramaturge au théâtre POCHE /GVE, à Genève, pendant la saison 2017-2018, Marina Skalova écrit la pièce de théâtre La Chute des comètes et des cosmonautes (2019, L’Arche). Créée au POCHE /GVE en février 2019 par Nathalie Cuenet, la pièce sera ensuite lue à Berlin, Vienne, Paris et Odessa. Avec la photographe Nadège Abadie, elle conçoit Silences d’exils à partir d’ateliers d’écriture menés auprès de personnes exilées ; une expérience à la fois humaine et poétique qui a donné lieu à une exposition et à un livre du même nom (2020, Editions d’en bas).
Son travail a été soutenu à plusieurs reprises, notamment par une bourse de la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia et la bourse « Auteure confirmée » octroyée par le canton de Genève.
La Bourse culturelle Leenaards me permettra d’écrire une fresque consacrée à l’histoire des femmes en Union soviétique ; un projet protéiforme, poétique, documentaire et polyphonique. Il s’agit de dire l’expérience du corps féminin aux prises avec la violence politique et historique, de s’intéresser au corps comme territoire d’inscription du rapport de l’intime et du totalitarisme.