Chaque jour, en Suisse, une personne est diagnostiquée de sclérose en plaques (SEP); au total, plus de 10’000 personnes vivent avec cette maladie chronique incurable selon les estimations. « Comme beaucoup de maladie auto-immunes, la SEP reste une maladie dont l’origine n’est pas encore entièrement élucidée », explique la neurologue Caroline Pot (CHUV) qui pilote cette recherche aux côtés de deux biologistes aguerries : la Prof. Tatiana Petrova (UNIL-CHUV) et la Prof. Stéphanie Hugues (UNIGE).
Cette maladie inflammatoire du système nerveux central (SNC) atteint tout particulièrement la population jeune (20-40 ans) et la gent féminine. Elle peut provoquer des déficits neurologiques invalidants tels que: troubles de la sensibilité, problèmes de vision, perte d’équilibre, difficultés musculaires, troubles cognitifs ou encore extrême fatigue.
Si les prédispositions génétiques sont un facteur de risque, les origines de la SEP sont multi-factorielles : les facteurs environnementaux comme par exemple le virus Epstein-Barr (mononucléose), la carence en vitamine D, le tabac ou éventuellement le surpoids sont à prendre en considération. « L’un des buts clés de notre recherche est notamment de mieux comprendre la corrélation entre l’obésité chez les jeunes adultes et l’augmentation des risques de SEP chez ces patients », précise la Prof. Caroline Pot.
Comme pour toutes les maladies auto-immunes, les globules blancs (dont les lymphocytes sont une variété) trahissent le système immunitaire des patients concernés : « Avec la sclérose en plaques, les globules blancs se trompent de bataille ! Au lieu de protéger le corps contre les intrus, comme les virus et les bactéries, ils se dirigent, sans raison connue, vers la moelle épinière pour au final venir se loger dans le cerveau et attaquer le système nerveux », explique la Prof. Stéphanie Hugues. « Notre idée est donc de trouver un moyen d’interrompre ce voyage des lymphocytes et de bloquer leur entrée dans le cerveau », ajoute la Prof. Tatiana Petrova. Les raisons de cette attirance des globules blancs vers le cerveau ne sont encore que partiellement élucidées. Le groupe de recherche lauréat s’interroge quant à lui sur le rôle du cholestérol dans cette migration des lymphocytes. Les oxystérols – molécules dérivées du cholestérol encore peu étudiées et longtemps considérées comme un simple « déchet » de l’organisme – pourraient en effet augmenter avec l’obésité et jouer un rôle dans la modulation de la réponse immunitaire. L’originalité de ce projet réside aussi dans l’étude des vaisseaux sanguins et lymphatiques, souvent considérés comme de « simples tuyaux », alors qu’ils pourraient sécréter activement ces fameux oxystérols.
Présentation du projet dans le « rendez-vous santé » du 5 avril 2017 (12h45 – RTS UN)
A moyen terme, on pourrait imaginer pouvoir réduire la sévérité de la maladie – voire même éviter son développement – en contrôlant la production de certains métabolites du cholestérol. Une meilleure compréhension du rôle du cholestérol dans le dérèglement de la réponse immunitaire pourrait conduire à des recommandations sur le changement de mode de vie et éventuellement des conseils sur l'alimentation.